10 Aug

LES JOHNNIES OIGNONS

Je parie que certains d’entre vous n’aurez jamais entendu parlé des “Onions Johnnies”, ces Français qui parcouraient les rues et la campagne anglaises, leur vélo et leurs épaules chargés d’oignons roses de Roscoff, avec, alerte cliché, la cigarette aux lèvres et le béret vissé sur la tête. Avant que vous ne me corrigiez, je confirme que l’orthographe réformée du mot “ognon” n’est pas encore entrée en vigueur chez moi. Par contre, tout comme Raymond Blanc, j’adore utiliser ces délicieux bulbes pour préparer une soupe à l’oignon bien française. 

The Onion Johnnies I will bet that some of you will have never heard of the Onion Johnnies, these French men who crisscrossed English streets and countryside, their bikes and shoulders laden with Roscoff’s pink onions, with, cliché alert, a cigarette clamped between their lips and a beret on their heads. Before you correct me, I confirm that the reformed spelling of the word “ognon” is not yet in use here. On the other hand, just like Raymond Blanc, I love to use these delicious bulbs to prepare a truly French onion soup.

Pendant des siècles, des milliers d’agriculteurs bretons survécurent en parcourant la France pour vendre leurs oignons. Quand la surproduction fit chuter les prix, des centaines d’entre eux décidèrent de tenter la dangereuse traversée de la Manche pour vendre leur production, très prisée, en Grande-Bretagne. Apparemment, beaucoup portaient la traditionnelle marinière, et très souvent un béret, ce qui a sûrement contribué à l’apparition du stéréotype que l’on connait tous. 

For centuries, thousands of Breton farmers survived by going through France to sell their onions. When overproduction saw the prices drop, hundreds of them decided to attempt the dangerous crossing of the Channel to sell their production, very well considered in Great-Britain. Apparently, a lot of them wore the traditional “marinière”, or stripy jersey, and very often a beret, which surely played a role in the apparition of the stereotype that we all know and love.

Avec la grande Dépression du début des années 30, le marché s’effondre, et la plupart de ceux qui franchissent encore la Manche ne rencontrent que des portes fermées, et très peu de clients. Encore quelques années plus tard, et moins de 400 “Johnnies” font le déplacement chaque année. La Seconde Guerre Mondiale met complètement fin au marché, mais les Bretons sont accueillis à bras ouvert dans un après-guerre pauvre en fruits et legumes frais.

After the Great Depression at the beginning of the 1930s, the market crumbled, and most of those still crossing the Channel only encountered closed doors, and very few clients. A few more years later, and under 400 “Johnnies” came over each year. The Second World War completely killed the market, but the boys from Brittany were welcomed with open arms in a post-war period poor in fresh fruit and vegetables. 

Les dures conditions de vie de ces hommes, loin de leur famille pendant des mois, la perte de cargos entiers dans des naufrages dûs aux mers déchaînées, et la facilité grandissante de l’échange et de l’exportation des produits font ensuite en sorte qu’à la fin du 20ème siècle, seule une poignées de marchands d’oignons parcouraient les routes britanniques. Il reste à espérer que l’AOC gagnée en 2009, et l’AOP de 2013 sauveront l’oignon rose de Roscoff.

The harsh living conditions of these men, far from their homes and families for months on end, the loss of whole cargos in shipwrecks caused by heavy seas, and the growing easing of exchange and export of produce made sure that by the end of the 20th century, only a handful of onion sellers were seen on Brtish roads. One has to hope that the AOC gained in 2009, and the 2013 AOP will help save Roscoff’s pink onion.

Car il vaut bien sûr la peine d’être sauvé, pour le simple fait que de l’avis de la plupart des chefs français, il est le meilleur pour la soupe à l’oignon, une tradition qu’il ne faudrait surtout pas perdre ! J’adore en faire de temps en temps pour mes invités, même si je ne trouve jamais d’oignons de Roscoff, car c’est une recette facile, économique, et succulente. Je vous encourage à en faire, sans oublier les croutons couverts de fromage fondu, et à m’envoyer les images sur Twitter ou Instagram. A bientôt ! 

Because it is worth saving, for the simple fact that according to most French chefs, it is the best for onion soup, a tradition it would be sad to lose ! I love preparing one for my guests from time to time, even if I can never find Roscoff onions, because it is an easy, cheap and succulent recipe. I urge you to try it, not forgetting the croutons covered in melted cheese, and to send me pictures on Twitter or Instagram. See you soon !