21 Dec

LA VACHE QUI RIT

Lors de mon récent passage en France, j’ai descendu l’allée des souvenirs en allant à Cousance, dans le département du Jura, où j’ai passé une partie de mon enfance. En route, je suis passé devant une usine portant l’image d’un bovidé rouge et hilare connu dans le monde entier. Je voudrais vous parler aujourd’hui de la Vache qui Rit, ou VQR pour faire plus court. Jules Bel et ses fils, Henri et Léon, sont à l’origine de ce fromage à tartiner, vendu dans le monde entier en parts triangulaires dans leur boîte ronde, portant l’image de la Vache en question. 

The Laughing Cow During my recent trip to France, I went down memory lane when I visited Cousance, in the Jura, where I spent part of my childhood. En route, I passed a factory adorned with the image of a red and smiling bovid famous the world over. I would like to tell you today about The Laughing Cow, or TLC for short. Jules Bel and his sons, Henri and Léon, created this spreadable cheese, sold throughout the world in triangular portions in their round box, bearing the picture of said Cow.

Mobilisé pendant la Première Guerre Mondiale, Léon est affecté au « Ravitaillement en Viande Fraîche », une unité ferroviaire dont les wagons se distingaient par des dessins, dont celui créé par Benjamin Rabier, représentant la Wachkyrie, le précurseur de la VQR actuelle. Léon dépose la marque en avril 1921, prenant avantage des avancements dans la fabricaton des fromages fondus. Il vend 12 000 boîtes des triangles fromagers dès la première année de production. Les boîtes rondes sont décorées d’une tête de vache rouge (un conseil de sa femme), parée de boucles d’oreilles en forme de boîte de VQR !

Mobilised during the First World War, Léon is posted with the « fresh meat supplies », a train unit whose cars were distinguishable by illustrations, one of which was created by Benjamin Rabier, representing the « Wachkyrie », the precursor of the current TLC. Léon registers the brand in April 1021, taking advantage of developments in the production of melted cheeses. He manages to sell 12,000 boxes of the triangular cheese in the first year of operation alone. The round boxes are decorated with the head of a red cow (on advice from his wife), wearing earrings in the shape of LTC boxes !

Léon saisit vite le pouvoir de la publicité, et fait construire une nouvelle usine à Lons, qui envoie son produit à l’étranger : l’Angleterre en 1929, la Belgique et le reste de l’Europe en 1933. Plus de 120 000 boîtes de VQR partent vers les distributeurs chaque jour, qui sont équipés de matériaux publicitaires (calendriers, plaques émaillées, etc.) par un « bureau de publicité » très actif dès 1926. En plus de la pub à la radio, des chansons, jingles, et des concours avec prix incroyables à gagner, la marque soutient également très rapidement les événements sportifs, apparaissant notemment dans la caravane du Tour de France en 1933.

Léon quickly realises how powerful advertisement is, and has a new factory built in Lons, which sends its production abroad : to England in 1929, to Belgium and the rest of Europe in 1933. More than 120,000 boxes of TLC leave for distributors each day, who are provided with advertising merchandise (calendars, enamelled plaques, etc.) by an «advertising office», very active as early as 1926. On top of ads on radio, songs, jingles, and competitions with incredible prizes to be won, the brand also quickly supports sporting events, appearing for example in the Tour de France entourage in 1933.

Après la Deuxième Guerre Mondiale, c’est le beau-fils de Léon Bel, Robert Fiévret, qui prend la direction de l’entreprise, et ce jusqu’en 1996. Avec de nouveaux produits, et un taux de matières grasses relevé à 40% après les pénuries, la VQR est plus présente que jamais dans l’imaginaire des Français, grâce à des campagnes publicitaires tous azimuts : presse, cinéma, autobus… En 1955, la VQR est enrichie à 55%, et des campagnes publicitaires, à la télévision à  partir de 1968, vantent la qualité des produits. Une stratégie qui marche : la VQR est une entreprise internationale, avec des usines au Danemark, dans le Kentucky, ou même à Tanger.

After the Second World War, Robert Fiévret, Léon Bel’s son-in-law, takes the helm of the business, until 1996. With new products, and with a creamier cheese (40% fat content) after the shortages, TLC is more present than ever in the imagination of the French, thanks to ad campaigns firing on all cylinders : press, cinema, buses… In 1955, TLC reaches a 55% fat content and ad campaigns, on television from 1968, sing the quality of the products. A winning strategy : TLC is now an international business, with factories in Denmark, in Kentucky and even in Tangiers.

Quand on a grandit en France, il est impossible de ne pas connaître la Vache qui Rit. Elle est partout, avec son grand sourire et ses grosses boucles d’oreilles en boîtes de Vache qui Rit, une superbe mise en abyme publicitaire. J’espère la voir pendant très longtemps dans les rayons des supermarchés et autres magasins, en France et ailleurs. Si jamais vous vouliez me parler de vos marques françaises préférées, j’attends votre message sur Twitter, Instagram ou Facebook. A bientôt !

When you grew up in France, it is impossible to not know The Laughing Cow. She is everywhere, with her huge smile and her big Laughing Cow boxes-shaped earrings, a superb advertising mise en abyme. I hope to be able to see her in the aisles of supermarkets and other shops for a long time to come, in France and elsewhere. If you ever wanted to tell me about your favourite French brands, I’ll be waiting for your messages on Twitter, Instagram or Facebook. See you soon ! 

14 Dec

UNE LAME CÉLÈBRE

Il y a en France une famille de taillandiers très célèbre, et je voudrais vous en parler aujourd’hui. Vous connaissez peut-être le nom de cette famille, car il est inscrit sur le manche de leur produit : Opinel. En 1800, Victor-Amédée s’installe tout à côté de Saint-Jean-de-Maurienne, et son fils Daniel continue le travail de son père. C’est son fils Joseph qui développe l’entreprise, jusqu’à présenter ses lames au Salon de Turin en 1911, où il reçoit une médaille d’or. Malgré les catastrophes (la première usine est détruite par le feu en 1926) Opinel devient alors une grande entreprise, et ses produits des classiques de l’industrie française.

A famous blade There is in France a very famous family of cutlers, and I would like to tell you about them today. You may know the name of this family, as it is inscribed on the handle of their product : Opinel. In 1800, Victor-Amédée settles near Saint-Jean-de-Maurienne, and his son Daniel continues his father’s work. It is his son, Joseph, who develops the business, to the point of presenting his knives at the Turin Show in 1911, where he receives a gold medal. Despite some catastrophes (the first factory burns down in 1926) Opinel then becomes a huge company, and its products classics of French industry.

Mais quels sont ces produits ? Les couteaux Opinel, que l’on trouve partout en France, sont des couteaux de poche pliants, du numéro 1, que l’on pouvait accrocher à la chaîne de sa montre, au numéro douze, qui a une lame de 12 cm. Si la production des numéro 1 et 11 a été suspendue vers 1935, le modèle 13, d’abord fabriqué comme objet publicitaire, a une lame de 22 cm ! Grâce au décret royal de Charles IX en 1565, toute lame doit porter la marque du maître coutelier : Joseph opte pour la main couronnée, qui est présente sur les armoiries de Saint-Jean-de-Maurienne.

But what are these products ? Opinel knives, which you can find everywhere in France, are foldable pocket knives, from number 1, which could be fixed to your watch chain, to number 12, with a 12 cm blade. If the production of numbers 1 and 11 was suspended around 1935, model 13, first manufactured as an advertising tool, boasts a 22 cm blade ! Thanks to Charles IX’s royal decree of 1565, every blade must bear the mark of the master cutler : Joseph chooses the crowned hand, which can be found on the coat of arms of Saint-Jean-de-Maurienne.

Les couteaux sont généralement formés de quatre éléments : la lame, le manche, des rivets, et une virole, cet anneau de métal indispensable entre le manche et la lame. En 1955, Marcel Opinel ajoute une virole tournante à la virole fixe, ce qui permet de sécuriser la lame ouverte. Ce système de sécurité, le Virobloc®, figure depuis 2000 sur tous les couteaux de la marque et permet, depuis 1990, de sécuriser la lame en position fermée. Voilà de quoi rendre l’Opinel reconnaissable !

Knives are usually formed of four elements : the blade, the handle, rivets and a ferrule, this necessary band of metal between the blade and handle. In 1955, Marcel Opinel adds a turning ferrule to the static one, which allows to secure the open blade. This safety mechanism, the Virobloc®, has been present on all the brand’s knives since 2000 and has allowed, since 1990, to secure the blade closed. That’s enough to make the Opinel recognisable !

Si le 29 janvier est une date maudite pour l’entreprise et la famille (l’usine fut détruite à cette date, qui est aussi celle du décès de Joseph en 1960, et de son fils Marcel en 1990), l’Opinel rencontre un succès fulgurant. Il est reconnu par le Victoria & Albert Museum comme un des objets les mieux conçus au monde, et entre dans le Larousse en 1989. En 2006, le recueil de design de Phaidon le place parmi les 999 objets les plus remarquables de tous les temps.

If January 29th is a cursed date for the business and the family (the factory was destroyed on that date, which is also that of the death of Joseph in 1960, and of his son Marcel in 1990), the Opinel encounters a startling success. It is recognisd by the Victoria and Albert Museum as one of the best designed objects in the world, and enters the pages of the Larousse dictionary in 1989. In 2006, Phaidon’s design bible places it amongst the most remarkable 999 objects of all times. 

J’adore mon Opinel, dont je me sers dans le jardin, et je sais aussi que mon frère utilise le sien très souvent. Ce que j’ai appris en faisant quelques recherches, c’est que l’Opinel d’origine est maintenant décliné en de nombreux modèles spécialisés : pour les huîtres, les champignons, en tire-bouchon, ou même pour la récolte des châtaignes ! Alors n’hésitez pas à me montrer le vôtre sur Twitter ou Instagram, où j’attends vos commentaires. A bientôt !

I love my Opinel, which I use in the garden, and I also know that my brother uses his very often. What I learnt while doing some research is that the original Opinal is now declined in numerous specialised models : for oysters, mushrooms, as a corkscrew, or even for the sweet chestnuts harvest ! So don’t hesitate to show yours off on Twitter or Instagram, where I await your comments. See you soon ! 

07 Dec

LES COMPAGNONS DU DEVOIR

Lors de mon récent passage à Blois pour enfin revoir ma maman (et faire le plein de courses à Intermarché…), nous prenions un café en terrasse au centre ville (tranquille, vu qu’on était un lundi en octobre), quand j’ai remarqué une plaque au dessus de la porte d’entrée de la maison d’à côté. Cette plaque déclarait qu’une mère des compagnons avait exercé cette fonction pendant des années. Ma question sera donc : connaissez-vous les compagnons du devoir, et savez-vous quel rôle joue leur(s) mère(s) ?

The Compagnons During my recent trip to Blois to finally see my mummy again (and fill up with groceries from Intermarché…), we were having a coffee on a terrace in the town centre (quiet, as it was a Monday in October), when I noticed a plaque above the front door of the house next door. This plaque was saying that a Compagnons’ Mother had performed her duties there for years. My question is this : do you know who the Compagnons du devoir are, and do you know what role their Mothers play ?

Les Compagnons du Devoir et du Tour de France, pour leur donner leur nom complet, est une organisation qui serait née au Moyen-Age, où elle regroupait alors les corps de métiers qui aidaient à construire les châteaux et les églises. Cette organisation, typiquement masculine, accueille également les femmes depuis 2005, et compte plus de 30 métiers dans des domaines aussi variés que le bâtiment, les technologies de l’industrie, les métiers du goût ou même la maroquinerie.

The Compagnons du Devoir et du Tour de France, to give them their proper name, is an organisation that is said to have been born in the Middle Ages, when it got together all the various professions who were helping to build castles and churches. This organisation, typically masculine, has also been accepting women since 2005, and gathers over 30 professions in areas as varied as building, technology and industry, catering, or even leather craft.

Afin de devenir compagnon, les apprenti.e.s doivent effectuer leur tour de France, qui peut durer de trois à cinq ans. Pendant leur tour, les aspirants compagnons travaillent dur, se spécialisent dans leur domaine, et demeurent dans une cayenne, qui est invariablement menée par une mère. Elle-même épouse d’un compagnon, la mère prépare chaque soir un repas pris en commun avec les aspirants. Il est dit que tout manque de respect envers la mère entraîne le renvoi du compagnon et son exclusion immédiate.

To become a compagnon, aprentices have to complete a Tour de France, which can take them between three to five years. During their tour, the aspiring compagnons work hard, specialise in their chosen sector, and live in a cayenne, which is invariably lead by a mother. Herself married to a compagnon, the mother prepare a meal each night, which the students eat as a group. It is said that all lack of respect towards the mother leads to the sending off of the compagnon, and his/her immediate eviction.

Les compagnons travaillent beaucoup, et doivent suivre des cours, mais aussi voyager, être capable de parler plusieurs langues, et faire un séjour à l’étranger. Les étapes qui mènent un stagiaire à devenir compagnon itinérant sont longues, et peuvent prendre de six à neuf ans, mais doivent être suivies sans relâche si l’on veut recevoir son nom de compagnon. Seulement dix stagiaires sur cent sont acceptés au sein des diverses organisations que compte aujourd’hui le mouvement des compagnons.

The compagnons work really hard, and must take classes, but also travel, be able to speak several languages, and live abroad for a while. The stages that take an apprentice to the status of full traveling compagnon are long, and can be spread over six to nine years, but must be ticked off without slacking if you want to receive your compagnon name. Only ten out of a hundred apprentices are accepted in the bosom of the various organisations that nowadays form the compagnon movement.

Il y a tant à dire à se sujet que je le revisiterai peut-être très bientôt. Comme souvent, je terminerai cet article en vous posant une question. Après avoir fait des recherches, peut-être sur l’excellent site du Musée du Compagnonnage de Tours, j’espère que vous passerez me dire bonjour sur Twitter, Facebook ou Instagram pour me dire quel métier vous aimeriez apprendre en parcourant le pays, et en rencontrant vos compagnons. A bientôt !

There is so much to say on this topic that I might visit it again very soon. As often, I will end this post by asking you a question. After doing some research of you own, maybe on the excellent website of the Musée du Compagnonnage in Tours, I hope that you will drop by Twitter, Facebook or Instagram to let me know which métier you wouldl ike to learn while crisscrossing the country, and meeting fellow compagnons. Speak soon !