29 Oct

MON ANNIVERSAIRE

A l’occasion du vingt-deuxième anniversaire de mon arrivée au Royaume-Uni, le 31 août, une question, presque un doute, m’est venue à l’esprit. Cette pensée soudaine, à peine formée et déjà presque oubliée, a néanmoins laissé comme un goût de nostalgie derrière elle. Après vingt-deux ans passés à travailler, aimer, habiter et tout simplement vivre en Grande-Bretagne, suis-je toujours aussi français? 

My anniversary   As the 22nd anniversary of my settling in Great-Britain passed, on the 31st of August, a question, a fleeting doubt almost, came to mind. This sudden thought, barely formed and already almost forgotten, nevertheless left behind it a taste of nostalgia. After 22 years spent working, loving, dwelling and quite simply living in Great-Britain, am I still French?

La question se pose principalement car je fonctionne tous les jours en anglais. Quand Jason le plombier vient régler la chaudière ou que je cause à Adrian le facteur, c’est en anglais. Discuter avec Paula à Waitrose au sujet des goûters de l’église quand j’achète six demi-livres de beurre se fait en anglais. Des sujets bien britanniques qui se déroulent dans une langue dite étrangère pour moi. 

The question asks itself mostly as I function every day through English. When Jason the plumber comes to service the boiler or when I chat with Adrian the postman, I do so in English. Talking to Paula in Waitrose about the church teas when I buy six packs of butter is done in English. Very British topics which all take place in a language said foreign for me.

Car voilà bien le problème. Ayant pris la décision de venir utiliser mon anglais dans la vie courante et d’enseigner ma langue maternelle professionnellement, plutôt que de faire l’inverse, c’est l’anglais que j’utilise le plus souvent. Bien sûr, on me dit encore que j’ai tout juste une pointe d’accent (personnellement, je ne l’entends pas!), mais aussi que mon anglais est excellent. Après un dîplome dans cette langue et 22 ans dans le pays, j’espère bien! 

And herin lies the problem. Having taken the decision to come use my French in everyday life and teach my mother tongue professionally, rather than the other way round, it is English that I use most often. Of course, people tell me that I still have a bit of an accent (personally, I can’t hear it!), but also that my English is excellent. After a degree in this language and 22 years in the country, I should hope so!

Alors où en suis-je quant à la question de ma nationalité? Si mon passeport se dit français, ma tête et mon coeur vacillent parfois. D’où ma confusion, voyez-vous! La question générique ‘D’où venez-vous’ reçoit toujours la même réponse: ‘Henley-on-Thames’. Anglais. Mais si on me presse un peu plus, la réponse devient ‘Bourgogne’. Français. Je vous le dis, c’est compliqué. 

So where do I stand as to my nationality? If my passport is French, my head and my heart go back and forth sometimes. Hence my confusion, you see! The generic question ‘Where are you from?’ always gets answered in the same way: ‘Henley-on-Thames’. British. But if people press me on the matter, the answer becomes ‘Burgundy’. French. I’m telling you, it’s complicated.

Alors plutôt que de continuer à me poser la question, je vais vous lancer un défi, même si je ne suis pas sûr de vouloir en connaître le résultat! Ayant lu cet article, et, je l’espère suivant mes aventures sur Instagram et Twitter, dites-moi si vous me considérez comme étant français ou britannique. J’attends vos commentaires avec trépidation… 

So, rather than continuing asking myself the question, I am going to set you a challenge, even if I am not sure I want to learn the result! Having read this article, and, I hope, following my adventures on Instagram and Twitter, tell me if you see me as French or British. I await your comments with some dread…

22 Oct

UN SUJET QUI DIVISE

Rassurez-vous, chers amis et lecteurs, je ne mentionnerai pas ici le mot qui commence par B, car comme vous le savez, je ne parle jamais de politique dans cette colonne. Non, aujourd’hui, je me demande dans quel camp vous allez vous rangez quand je vous dirai finalement de quoi je veux vous parler. Mystère et boule de gomme, comme le dit l’expression francaise, laissant planner le doute. 

A devisive topic   Rest assured, dear friends and readers, I will not mention the B word here, as you know I never talk politics in this column. No, today I am wondering which camp you are going to choose when I end up telling you what I want to talk to you about. ‘Mystery and bubble gum’, as the French expression says, leaving you hanging.

Alors que j’écris ces lignes, Juliette Armanet me susurre doucement ses mots doux aux oreilles. Voyez-vous, je suis tout à fait incapable de travailler, sur quoi que ce soit, sans un bruit de fond. Appelons ça le camp ‘bruit’. J’avoue très librement ne pas comprendre le camp ‘silence’, qui lui regroupe tous ceux et toutes celles d’entre vous qui sont tout mon inverse et travaillent en silence. 

As I am writing these lines, Juliette Armanet is whispering sweet nothings in my ear. You see, I am totally incapable to work, whatever ‘work’ is, without background noise. Let’s call that the ‘noise’ camp. I freely admit not understanding the ‘silence’ camp, which welcomes all of you who are entirely my opposite and work in complete silence.

Le chant des oiseaux, la vague présence de la circulation ou des avions survolant très haut le QG d’ALK ne me suffisent pas. Quand je travaille, c’est avec de la musique, mais jamais la radio. Ou alors devant un film. Ce qui explique, puisque je viens de faire le lien, pourquoi et comment j’ai vu certains films plusieurs douzaines de fois! Je pense connaître par exemple le dialogue de Out of Africa par coeur… 

The birds singing, the vague presence of the traffic or of the planes flying high above ALK HQ are not enough for me. When I work, I do so with music, but never with the radio on. Or else in front of a film. Which explains, since I have just made the link, why and how I have seen some films dozens of time! I think I know the dialogue from Out of Africa by heart, for example…

J’ai bien sûr essayé de me mettre dans la peau d’un membre du camp ‘silence’, dont fait d’ailleurs partie mon cher et tendre, mais sans succès. Le silence me déconcerte et me déconcentre. Un paradoxe, peut-être, mais j’ai toujours eu besoin de ‘bruit’ pour faire mes devoirs, même tout petit (à l’époque, c’était surtout la télé du mercredi. Merci Récré A2). Autre exemple: mon mémoire de maîtrise a été écrit entièrement avec les albums de Véronique Sanson en bande sonore.

Of course I have tried to put myself in the shoes of a member of the ‘silence’ camp, of which my beloved is one, but without any success. Silence worries me and robs me of concentration. A paradox, maybe, but I have always needed ‘noise’ to do my homework, even as a child (at the time, it was mostly Wednesday afternoon telly. Thank you, Récré A2). Another example: my masters essay was entirely written with Véronique Sanson’s albums as a soundtrack. 

Ce qui m’amène donc à la question qui divise: dans quel camp vous rangez-vous? Etes-vous comme moi, à écouter de la musique, la radio ou à regarder un film quand vous travaillez? Ou préférez-vous le silence presque complet pour vous mettre à la tâche, quelle qu’elle soit? J’attends bien sûr et comme toujours votre réponse en commentaires et autres messages.  A bientôt!

Which brings me to the divisive question: which camp are you going to join? Are you, like me, listening to music, to the radio, or watching a film when you work? Or do you prefer an almost complete silence in order to get down to business, whatever it be? Of course, I await, as always, your answer in comments and other messages. See you soon! 

15 Oct

UN VOYAGE EN VOITURE

J’adore un long voyage en voiture. Même si ça n’a rien à voir (ou presque) avec le fait que ma nouvelle voiture est une petite merveille , j’adore m’asseoir au volant et prendre la route pour une destination plus ou moins lointaine. Mes lecteurs assidûs sauront que je suis allé dans le Devon il n’y a pas si longtemps, et c’est l’exemple parfait des voyages en voiture que j’apprécie particulièrement. 

A road trip I love a long road trip. Even if it has got nothing (well, almost) to do with the fact that my new car is a marvel, I love to sit behind the wheel and get on the road for a destination more or less distant. My faithful readers will know that I went to Devon not so long ago, and it is the perfect example of the road trips that I particularly appreciate.

Un trajet d’environ trois heures, c’est pour moi un voyage parfait, car il me permet d’atteindre mon but sans perdre trop de temps, tout en prenant le temps de m’arrêter quelque part pour une demi-heure, afin de me dégourdir les jambes et de prendre l’air. Ma voiture, d’ailleurs, me le rappele maintenant avec un très joli et opportun ‘ping’, accompagné d’une image représentant une tasse de café fumante, que j’accepte toujours bien volontiers.

Approximately three hours on the road, it is for me a perfect trip, because it enables me to reach my goal without losing too much time, while taking the time to stop somewhere for half an hour so as to stretch my legs and breathe deeply. My car, speaking of which, reminds me to do so with a very pretty and opportune ‘ping’, accompanied by a picture of a steeming cup of coffee, which I always gratefully accept.

Rendre visite à ma famille en France est une autre raison idéale pour un ‘road trip’ à la française. Vu que ma petite maman habite en Provence, l’occasion se présente de faire le trajet en deux fois. Même si nous avons déjà effectué tous ces kilomètres en un jour en partageant le temps derrière le volant, nous préférons désormais nous arrêter en Bourgogne. 

Paying a visit to my family in France is another ideal reason for a road trip, French style. Seeing as my dear mother lives in Provence, the occasion presents itself to do the trip in two bites. Even if we have already done all those kilometres in one day through sharing the driving, we now prefer to stop in Burgundy.

J’adore utiliser les autoroutes françaises, même si elles sont payantes, car elles sont généralement complètement vides, surtout quand on les compare aux autoroutes britanniques, et si l’on évite les grands week-ends de vacances. De plus, leurs aires de repos sont toujours là quand vous en avez besoin, des plus petites avec quelques tables pour votre pique-nique au plus grandes quand vous devez faire le plein. 

I love using French motorways, even with their tolls, because they are generally completely empty, especially if you compare them to British motorways, and if you avoid the big holiday weekends. Furthermore, their rest areas are always there when you need them, from the smallest ones, with a few picnic tables to the larger ones when you need to fill up.

De retour en Grande-Bretagne, j’évite parfois les autoroutes si je ne suis pas pressé d’arriver là où je vais. J’ai de cette façon découvert mains charmants villages et leurs secrets: églises centenaires, magasins d’antiquités trop tentants et autres pubs traditionnels. Alors, chers amis et lecteurs, j’attends vos suggestions: où devrais-je aller la prochaine fois que la route m’appelle? 

Back in Great-Britain, I sometimes avoid the motorways if I am in no hurry to arrive where I am going. That way, I have discovered many a charming village and their secrets: centuries old churches, very tempting antiques shops and other traditional pubs. So, dear friends and readers, I await your suggestions: where should I go next time I hear the call of the road?

08 Oct

UN GARDE-MANGER DE RÊVE

Dans la maison de mes rêves, il y a une des plus petites pièces à laquelle je pense le plus souvent. Et non, je ne veux pas parler des toilettes (quoi que, j’ai quelques idées là-dessus aussi!).  Ce petit coin de la maison qui me préoccupe tellement, c’est le garde-manger. Et je rêve d’en avoir un, ce qui n’est en ce moment pas le cas. 

A dream pantry  In the house of my dreams, there is one of the smallest rooms I think about most often. And no, I do not mean the toilets (mind you, I have a few ideas about that, too!). This little corner of the house that preoccupy me so is the pantry. And I dream of having one, which is not the case at present.

Même si j’ai déjà utilisé deux fois l’adjectif ‘petit’ pour décrire mon garde-manger, je le veux en fait assez grand pour pouvoir y ranger non seulement de la nourriture fraîche, mais aussi les boîtes de conserve et autres produits secs, sans compter tous les appareils électriques et ustensiles dont je ne me sers pas tous les jours dans la cuisine. Alors je voudrais avoir une combinaison de placards, et d’étagères, mais surtout d’étagères, où je pourrais tout ranger.

Even if I have already used the adjective ‘small’ to describe my pantry, actually I want it big enough to be able to tidy away not only fresh produce, but also tinned food and other dry things, without mentioning all the electrical appliances and utensils I don’t use every day in the kitchen. So I would love a combination of cupboards and shelves, but shelves mostly, where I could put everything away.

Je mettrais tout dans des bocaux étiquetés, dans des boîtes hermétiques, et tous les jours je pourrais rentrer dans mon garde-manger et trouver ce dont j’ai besoin sans avoir à farfouiller dans ma cuisine, dans des tiroirs trop petits et trop remplis. En plus, je voudrais être en mesure de mettre en valeur toute ma vaisselle et autres plats ou moules à gâteaux. 

I would put everything in labelled jars, in airtight boxes, and every day I would be able to walk into my pantry and find what I need without having to rummage in my kitchen, in drawers too small and too full. On top of that, I would love to be able to display all my crockery and other dishes or cake tins.

Des coupes à champagne aux petits mazagrans verts dans lesquels je sers le café à mes étudiants, en passant par mes assiettes de tous les jours ou celles pour les grandes occasion, je veux tout voir en un seul coup d’oeil, au cas où j’oublierais ce que j’ai dans mes placards. 

From champagne flutes to the little green glasses in which I serve coffee to my students, via my everyday plates and the ones I use for grander occasions, I want to see everything at one glance, should I forget what I have in my cupboards.

Vous voyez, je ne demande pas beaucoup. Juste une petite pièce à l’écart, près de ma cuisine, petite, certes, mais suffisamment grande pour y ranger tout ce qui doit être rangé. Comme l’écrivait Virginia Woolf, je ne veux qu’une pièce rien qu’à moi. Non pas pour m’y réfugier, en faire mon cocon, m’y sentir à l’abri de tout, mais afin d’assouvir mon envie d’ordre et d’efficacité. Ça n’est sûrement pas trop demander? 

So you see, I don’t ask for much. Just a little room on the side, near my kitchen, small, indeed, but big enough to receive everything that must be tidied away. As Virginia Woolf once wrote, all I want is a room of my own. Not to take refuge there, to cocoon me, to make me feel safe from everything, but to assuage my need for order and efficiency. Surely, that’s not too much to ask?

01 Oct

UN WEEK-END DANS LE DEVON

C’est toujours un plaisir que de retourner dans l’ouest du pays, et dans le Devon en particulier. Je n’ai bien sûr rien contre le Somerset ou la Cornouaille, et j’y ai passé plusieurs séjours très heureux, mais il y a un petit quelque chose qui m’attire particulièrement dans le Devon. Ça doit être la terre rouge, la verdure, les collines et les toutes petites routes très étroites! 

A weekend in Devon It is always with great pleasure that I go back to the west of the country, especially to Devon. I have of course nothing against Somerset or Cornwall, and I have spent many a very happy holiday there, but there is a little something that attracts me particularly to Devon. It must be the red earth, the greenery, the hills and all the very narrow lanes! 

Cette atmosphère bien spéciale est rendue encore plus spectaculaire par ce rare sentiment d’être loin de tout, surtout en ces temps incertains, où tout semble s’allier pour vous gâcher la vie. Je dois avouer que quand je suis dans ce petit coin de paradis, j’oublie les choses qui ne me concernent en rien. Ce qui me laisse du temps pour me concentrer sur celles qui me font plaisir et me rendent heureux. 

This rather special atmosphere becomes even more spectacular with this feeling of being far from everything, especially in these uncertain times, when everything seems to conspire to ruin your life. I must admit that when I am in this little corner of paradise, I forget these things that don’t matter to me at all. Which leaves me time to concentrate on those that do and make me happy.

Ce qui est d’autant plus facile puisque que nous saisissons toujours l’occasion de rendre visite à la famille de mon mari, qui réside dans le charmant petit village de Cockwood, pas très loin d’Exeter. Avec une vue imprenable sur l’estuaire de la rivière Exe, le petit déjeuner (et tous les autres repas pris en famille, d’ailleurs) sont un véritable baume au coeur. Même si la verdure et la Tamise au QG d’ALK sont très plaisantes, c’est toujours un plaisir de regarder les marées changer le paysage plusieurs fois par jour. 

Which is even easier to do as we always grab the opportunity to pay a visit to my husband’s family, who resides in the charming little village of Cockwood, not too far from Exeter. With an impregnable view over the river Exe estuary, breakfast (and all other family meals, actually) are truly soothing. Even if the greenery and the Thames at ALK HQ are very pleasing, it’s always a true pleasure to watch the tides change the scenery several times a day. 

Cette fois-ci, Harry (mon presque neveu) m’avait convaincu de chausser des bottes en caoutchouc pour une promenade sur la plage, à travers la boue et en direction de l’épave située en face de la maison. Même si nous ne l’avons pas atteinte, j’ai beaucoup ri quand, l’eau devenue soudainement trop profonde a envahi les bottes de mon compagnon. 

This time, Harry (my nearly nephew) had convinced me to don Wellingtons for a walk on the beach, through the mud and towards the wreck situated opposite the house. Even if we didn’t reach it, I laughed a lot when the water, suddenly too deep, invaded my friend’s boots.

Ce désagrément fut bien vite oublié avec un déjeuner et une pinte de bière au pub, et la cueillette de mûres bien mûres dans la haie pendant la promenade de l’après-midi. Des plaisirs simples et bienvenus, loin des complexités de la vie moderne, de la politique, des histoires sordides. Vous comprendrez alors pourquoi une invitation à passer par le Devon est toujours gracieusement acceptée.

This mishap was quickly forgotten with lunch and a pint of beer at the pub, and the gathering of ripe blackberries in the hedge during our afternoon walk. Simple and welcome pleasures, far from the complexities of modern life, of politics, of sordid stories. You will therefore understand why an invitation to drop by Devon is always gracefully accepted.