BISCOTTE OU MADELEINE ?
Voilà cent ans, presque jour pour jour, Marcel Proust nous quittait, à l’âge de 51 ans. Un des plus grands auteurs français a dû s’y reprendre à plusieurs fois pour voir son œuvre majeure sur les rayons des librairies, mais il est aujourd’hui reconnu comme un géant de la littérature, non seulement française, mais mondiale. Publiés à compte d’auteur, les sept volumes d’À la recherche du temps perdu se voient accorder le Prix Goncourt en décembre 1919. Réveillé en pleine sieste pour recevoir la nouvelle, Proust répond laconiquement : “Ah ?”
Biscotte or madeleine? One hundred years ago, almost to the day, Marcel Proust left us at the age of 51. One of the greatest French authors had to try several times to see his major work find its way on to the shelves of bookstores, but he is today recognised as one of the giants of literature, not only in France, but around the world. Published privately, the seven volumes of Remembrance of Things Past collect the Prix Goncourt in December 1919. Awakened during a siesta to receive the news, Proust responds with a laconic “Ah?”.
Non seulement tout le monde (ou presque) connaît le titre de l’opus de Marcel Proust, mais la première ligne du premier roman est aussi l’un des plus célèbres de tous les incipit : “Longtemps, je me suis couché de bonne heure…”. Une phrase bien courte quand on sait que Proust est connu pour ses phrases sans fin. Selon mes recherches, elles font 30 mots en moyenne, deux fois plus que la plupart des autres écrivains. J’adore l’abondance de parenthèses et de tirets, et le texte parcouru de dialogues qui vous poussent à le lire à voix haute. La complexité de la syntaxe mais la simplicité du lexique est un plaisir pour les yeux.
Not only does everyone (or almost everyone) know the title of Proust’s opus, but the first line of the first novel is also one of the most famous of all incipit: “Longtemps, je me suis couché de bonne heure…” (For a long time, I would go to bed early). A short sentence when you know that Proust is known for his endless sentences. According to my research, they are 30 word-long on average, twice as long as for most other authors. I love the abundance of hyphens and parentheses, and the dialogue-strewn text which almost force you to read aloud. The complex syntax but the simple lexicon is a feast for the eyes.
Ce que j’ai aussi appris en effectuant quelques recherches, c’est que la fameuse madeleine de Proust n’a presque pas été ! Elle est le symbole de l’écrit comme source éternelle du souvenir, et plus encore, de la joie. Mais saviez-vous que la madeleine trempée dans le thé ou le tilleul de tante Léonie fut tout d’abord une tranche de pain grillé, puis une biscotte ? En relisant ce passage, au tout début de “La Recherche …”, j’ai été frappé par la façon dont Marcel, notre narrateur un peu déprimé, est transformé par le passé qui ressurgit sans crier gare.
What I also learnt while researching is that the famous Proust madeleine nearly never was! It is the symbol of the written word as an everlasting source of memories, and even more so, of joy. But did you know that the madeleine dunked into the tea or the lime infusion of Aunt Léonie was first a piece of toast, then a biscotte? While reading the passage again, at the very beginning of “Remembrance“, I was surprised by the way Marcel, our rather depressed narrator, is transformed by the past coming back to him without warning.
Autre résultat de mes recherches : le docteur Cottard, sosie du père de Marcel. Adrien Proust est neurologue et hygiéniste, et écrase la jeunesse du jeune Marcel, bien faible, lui ordonnant de passer plus de temps à l’extérieur. Il préconisait le lavage des mains et, en tant que membre de l’Académie de médecine, était complètement en faveur de la distanciation sociale et du confinement ! Marcel, à partir de 1906, suit ses conseils et passe le plus clair de ses journées chez lui, ne sortant dans le grand monde que le soir…
Other result of my reseach: Doctor Cottard, a clone of Marcel’s father. Adrien Proust is a neurologist and hygiene specialist, and smothers a young and feeble Marcel’s youth, demanding him to spend more time outdoors. He was an advocate of hand washing and, as member of the Académie de médecine, was completely in favour of social distancing and of lockdowns! Marcel, from 1906, follows his advice and spends most of his time at home during the day, only stepping out in fashionable society at night…
Je ne sais pas si comme moi vous êtes fan de l’œuvre de Proust, mais une chose est claire : il faut un peu de temps et de concentration pour la lire, surtout si vous la lisez dans sa version originale en tant qu’apprenant de la langue. Mais si vous persévérez, la récompense est immense. La musicalité du texte et la richesse des personnages sont deux des éléments que je préfère, et je me plonge souvent dans quelques pages, comme ça, au hasard. J’attends bien sûr de lire vos passages favoris, que vous partagerez ici, ou sur Twitter ou Instagram. A bientôt !
I do not know if like me you are a fan of Proust’s work, but one thing is clear: you need a fair bit of time and concentration to read it, especially if you are reading it in its original version as a learner of French. But if you persevere, the reward will be huge. The text’s musicality and the rich characters are two of the elements I love most, and I often plunge into a couple of pages, just like that, at random. Of course, I’ll be waiting to read your favourite passages, that you will share here, or on Twitter or Instagram. See you soon!