22 Mar

LES SAUCES MÈRES

Après vous avoir parlé d’Auguste Escoffier, il me semble plutôt apte d’aborder un sujet qui, je le sais, vous passionnera. Vous vous souviendrez que le grand Auguste a codifié et modernisé les cuisines et le service dans les grands restaurants d’Europe, mais ce que vous ne savez peut-être pas qu’il a aussi écrit plusieurs ouvrages importants, dont un qui établit une liste de ce que l’on appelle les sauces mères, ces sauces qui peuvent être déclinées sous presque tous les goûts, et deviennent alors des sauces filles. Je vous les présente aujourd’hui. 

Mother sauces After telling you about Auguste Escoffier, it seems rather apt for me to tackle a subject which, I know for a fact, will fascinate you. You will remember that the great Escoffier codified and modernised both kitchens and service in Europe’s great restaurants, but what you may not know is that he also wrote several important books, one of which establishes a list of what is known as mother sauces, these sauces that can be declined for almost all tastes, and then becomes daughter sauces. Let me tell you about them today.

Les moins connues sont la sauce espagnole et le velouté. La sauce espagnole est une sauce brune, préparée avec un roux foncé, un bouillon (de bœuf ou de veau), et des tomates ou de la purée de tomates. La sauce grand veneur est dérivée de cette première sauce mère. Le velouté, comme son nom l’indique, est une sauce plus légère, faite à partir d’un bouillon léger et épaissie avec un roux blanc. J’ajouterai à cette liste la sauce tomate, qui a pour base un mirepoix et de la poitrine de porc salée, qui nous a donné la sauce bolognaise, entre autres. 

Lesser known sauces are the Spanish sauce and the velouté. A Spanish sauce is a brown one, prepared with a dark roux, stock (beef or veal), and tomatoes or tomato paste. The sauce grand veneur us derived from this first mother sauce. The velouté, as it name indicates (it means velvety), is a lighter sauce, made from a light stock and thickened with a white roux. I would add to this list the tomato sauce, which has a mirepoix as a base, with salted pork, which gave us Bolognaise sauce, amongst others. 

Avec sa base de roux blanc et de lait, peut–être la plus célèbre des sauces mères est la Béchamel, qu’on aromatise régulièrement à l’oignon, ou avec du thym ou de la noix de muscade. La Béchamel est utilisée dans de nombreuses cuisines autour du monde (une petite moussaka, ça vous dit ?) et a donné naissance à plusieurs sauces filles. En y ajoutant du fromage râpé, on la transforme en sauce Mornay, et en Soubise si on l’ajoute à des oignons revenus dans du beurre. Peu utilisée de nos jours (et c’est dommage), la sauce Nantua, une Béchamel au beurre d’écrevisse ou de homard, accompagne impeccablement les quenelles de poisson.

With its white roux and milk base, maybe the most famous of mother sauces is the Béchamel, which is regularly flavoured with onions, or with thyme or nutmeg. The Béchamel is used in many cuisines around the world (a little moussaka, anyone?) and has given birth to many daughters. Add some grated cheese, and you turn it into a Mornay sauce, and to a Soubise if you add onions sautéed in butter. Not often used these days (and what a pity), Nantua sauce, a Béchamel with crayfish or lobster butter added, impeccably accompanies fish quenelles

Les deux dernières sauces mères sont la hollandaise et la mayonnaise. Toutes les deux sont à base de jaune d’œuf (la première une émulsion chaude au beurre clarifié et la deuxième une émulsion froide à l’huile), et sont souvent aromatisées au jus de citron ou au vinaigre. Leurs sauces filles sont légion : béarnaise, paloise, choron ou noisette pour la hollandaise, et rémoulade, tartare ou encore gribiche pour la mayonnaise. Je dois bien avouer un faible pour la mayonnaise avec mes frites, ou encore une béarnaise avec un bon steak.

The last two mother sauces are the hollandaise and mayonnaise. Both have an egg yolk base (the former is a warm emulsion with clarified butter, the latter a cold emulsion with oil), and are often flavoured with lemon juice or vinegar. Their daughter sauces are many: béarnaise, paloise, choron or noisette for the hollandaise, and rémoulade, tartar or even gribiche for the mayonnaise. I must admit a certain weakness for some mayonnaise with my chips, or for a béarnaise with a good steak.

Escoffier n’est pas le seul chef de l’histoire à avoir catalogué les sauces mères, et la liste change parfois. Même si la grande (et grande) Julia Child la place fermement dans sa liste de sauces mères, la mayonnaise est parfois placée à l’écart, ce qui est pour moi un problème, car c’est ma préférée. Il ne me reste donc plus qu’à vous demander quelle sauce mère et sauce fille sont vos préférées, et à me faire le plaisir de passer me donner votre réponse sur Twitter, Instagram ou Facebook. A bientôt !

Escoffier is not the only chef in history to have cataloged the mother sauces, and the list sometimes changes. Even if the great (and tall) Julia Child places it squarely within the mother sauces list, mayonnaise is sometimes sidelined, which is a problem for me, as it is my favourite. All that is left for me to do is ask you which mother and daughter sauces are your favourites, and to give me the pleasure of reading your messages on Twitter, Instagram or Facebook. See you soon! 

08 Mar

AUGUSTE ESCOFFIER (1846-1935)

Une des grands noms de l’art culinaire, Auguste Escoffier est parmi les rares personnes qualifiées de “roi des cuisiniers, cuisinier des rois” et fut le premier de sa profession à recevoir la légion d’honneur en 1928. Il reste célèbre pour avoir codifié ce qui est aujourd’hui reconnu comme la grande cuisine française, non seulement en organisant, modernisant et professionnalisant les cuisines de grands établissements, mais aussi en inventant des recettes qui sont toujours des grands classiques. Je vous invite aujourd’hui à découvrir la vie de ce chef d’exception. 

Auguste Escoffier (1846-1935) One of the big names in culinary art, Auguste Escoffier is amongst the rare people who received the title of “king of cooks, cook to the kings” and was the first one of his profession to be given the Légion d’honneur in 1928. He remains famous for having codified what is today recognised as French haute cuisine, not only by organising, modernising and making the kitchens of large establishments professional, but also by inventing new recipes, which are still classics. I would like to invite you to discover the life of this exceptional chef.

Même si son père était un industriel (forgeron, maréchal-ferrant et serrurier), le jeune Auguste voulait être sculpteur quand il devient apprenti chez son oncle et travaille dans divers restaurants, accumulant les techniques qui le mènent, à l’âge de 19 ans, au Petit Moulin rouge, où il devient chef-saucier. On dit souvent que les amateurs de desserts lui doivent la poire belle Hélène, même s’il est difficile de prouver qu’il en soit le créateur. En tout cas, il crée de nombreux plats lors de l’Exposition Universelle de 1867.

Even if his father was an industrialist (blacksmith, farrier and locksmith), young Auguste wanted to be a sculptor when he became apprenticed to his uncle and worked in various restaurants, accumulating techniques that lead him, aged 19, to the Petit Moulin rouge, where he became master saucer. It is often said that fans of desserts owe him the pear belle Hélène, even if it is difficult to prove that he created it. In any case, he creates numerous dishes during the 1867 Universal Exhibition.

C’est pendant la guerre contre la Prusse de 1870 qu’il devient chef de cuisine, et apprend à gérer les ingrédients pour servir des recettes qu’il améliore. Quelques années plus tard, il se retrouve marié et père de famille, et dirige la Maison Chevet, à Paris. Il organise de grands dîners, aussi bien à travers la France qu’à l’étranger, notamment au Royaume-Uni. Il voyage alors à travers la France et collabore avec César Ritz à Monte-Carlo. Cette amitié professionnelle compte pour beaucoup à la création de l’hôtellerie de luxe et des salles à manger où les femmes peuvent enfin dîner en public

It is during the war against Prussia in 1870 that he became chef de cuisine, and learnt to manage ingredients to serve recipes that he improved. A few years later, he is married and a father, and is heading Maison Chevet, in Paris. He organises great dinners, throughout France as well as abroad, especially in the United Kingdom. He then travelled across France and collaborated with César Ritz in Monte-Carlo. This professional friendship bears a lot of responsibility in creating luxury dining and dining rooms where women can at last eat in public.

Escoffier reste célèbre pour avoir mené les cuisines de l’Hôtel Savoy, à Londres, et les légendes abondent sur la création des crêpes Suzette lors de la visite du Prince de Galles, le futur Edouard VII, ou sur le fait qu’il réussît à servir des cuisses de grenouilles aux Anglais qui n’en sont pourtant pas très friands, en les renommant “cuisses de nymphe” ! Il invente un autre dessert, la pêche Melba, et révolutionne même l’organisation des fourneaux et du poste d’envoi. Pour moi, l’influence d’Escoffier se fait sentir encore aujourd’hui.

Escoffier is still famous today for heading the kitchens of the Savoy Hotel, in London, and the legends are many, including the creation of crêpes Suzette during the visit of the Prince of Wales, the future Edward VII, or the fact that he succeeded in serving frogs’ legs to the English, who were not exactly fond of them, by renaming them “Nymph’s thighs”! He invents another dessert, peach Melba, and revolutionises the organisation of ranges and the chef’s pass. For me, Escoffier’s influence is still felt today.

Bien sûr, ce chef d’exception n’est pas le premier Français (pensez à Carême ou Gouffé) à avoir apporté son grain de sel à la cuisine nationale, mais il est très certainement l’un des plus importants. Depuis Escoffier, de nombreux chefs à travers le monde ont changé la façon de faire les choses, et je les admire beaucoup. Alors il ne me reste plus qu’à vous demander si vous aussi vous admirez un chef en particulier, et si vous me ferez le plaisir de m’en parler sur Twitter, Instagram ou Facebook. A bientôt !

Of course, this one in a million chef is not the first Frenchman (think about Carême or Gouffé) to have brought his grain of salt to the national cuisine, but he certainly is one of the most important. Since Escoffier, numerous chefs thoughout the world have changed the way things are done, and I admire them all. So all that is left for me to do is ask you if you admire a chef in particular, and if you will give me the pleasure to tell me all about them on Twitter, Instagram or Facebook. See you soon ! 

15 Oct

LA CUISINE BRITANNIQUE

La semaine dernière, j’ai demandé à mes abonnés sur Twitter de me donner des idées au sujet de nouveaux articles pour ce blog, et j’ai immédiatement reçu un message me demandant de parler de la cuisine britannique, du point de vue d’un français qui aime bien cuisiner et manger, et qui habite en Grande-Bretagne depuis maintenant plus de 21 ans.

Quand je suis arrivé en Ecosse, en 1997, il est vrai que je ne connaissais rien à la cuisine de ce pays en général. Et ça n’est pas les Mars frits et les fish and chips qui m’ont appris à apprécier les aspects les plus fins de ce que la Grande-Bretagne avait à offrir en matière d’arts culinaires. En tant qu’étudiant, je n’avais également pas les moyens d’aller voir ce que les restaurants étoilés chez Michelin proposaient.

A l’époque, on me demandait souvent ce que, en tant que français, je trouvais de mangeable au Royaume-Uni, l’implication étant qu’on mangeait mal ici. Viande bouillie, légumes trop cuits, pain et fromages inférieurs, vous voyez ce que je veux dire. Le pire, c’est que même aujourd’hui j’entends la même chose quand je vais en France: “Vous vivez en Angleterre? Vous devez être content de rentrer à la maison en France pour bien manger!”

Qu’est-ce que ça m’agace, cette étroitesse d’esprit! Tout d’abord, je ne ‘rentre’ pas en France, j’y vais pour des visites plus ou moins régulières avant de rentrer chez moi, en Angleterre. Ensuite, je suis fatigué de ce discours, alors je vais y mettre mon grain de sel. Alors accrochez votre ceinture! 

On mange très bien dans mon pays, bien mieux que dans beaucoup de restaurants français où plus de la moitié des plats ne sont plus préparés sur place. Produits de saison, préparés et servis avec soin, viandes et poissons de premier choix, techniques anciennes et nouvelles, les chefs britanniques nous dorlotent, et ce depuis longtemps.

Alors à tous ceux qui pensent encore qu’on mange mal ici: vous avez tort. Tout simplement. Mais comme vous avez le droit de ne pas être d’accord, dites-moi si je raconte n’importe quoi!

British cuisine.  Last week, I asked my followers on Twitter to give me some ideas about new posts for this blog, and I immediately received a message asking me to talk about British food, from the point of view of a Frenchman who likes to cook and eat, and who’s now been living in Great-Britain for over 21 years.

When I arrived in Scotland, in 1997, it is true that I knew nothing about the food in this country in general. And it is not deep-fried Mars bars and fish and chips that taught me how to appreciate the finer aspects of what Great-Britain had to offer as far as the culinary arts were concerned. As a student, I also did not have the means to go and have a look at what Michelin star-studded restaurants were offering.

At the time, I was often asked what, as a Frenchman,  I found edible in the UK, the implication being that people ate badly here. Boiled meat, overcooked vegetables, inferior bread and cheeses, you know what I am talking about. And what is worse is that even today I hear the same thing when I go to France: “You live in England? You must be so happy to come home to France and eat well!”

Oh, how this narrow-mindedness annoys me! First of all, I don’t ‘come home’ to France, I go there for more or less regular visits before coming home, to England. Second, I am tired of this way of thinking, so I’m going to add my grain of salt. So fasten your seatbelt!

We eat very well in my country, a lot better than in a lot of French restaurants, where more than half the dishes are no longer prepared on the premises. Seasonal products, prepared and served with care, premium meat and fish, ancient and new techniques, British chefs pamper us, and have been for a while.

So to all of those who still think that we eat badly here: you’re wrong. It’s that simple. But as you have the right to disagree, let me know if I’m talking rubbish!