20 Apr

UNE ENFANCE

La grande Juliette affirme dans une de ses chansons que « l’enfance est un parfum tenace », et je suis d’accord avec elle. J’ai déjà abordé dans ces lignes le thème des souvenirs, mais je voudrais, si vous me le permettez, revenir sur le sujet. Je rentre tout juste d’une promenade froide mais ensoleillée, et au détour d’un chemin, un arbre m’interpelle, en quelque sorte. Comme si un souvenir s’était pris dans ses branches encore nues. 

A childhood The great Juliette claims in one of her songs that  « childhood is a persistent perfume », and I agree with her. I have already tackled the theme of memories in these lines, but I would like, if you’ll let me, to come back to that topic. I am just back from a cold but sunny walk, and just round the corner, a tree calls to me, so to speak. As if a memory got caught in its still bare branches. 

Je m’arrête et lève les yeux. La forme de cet arbre, ce ciel bleu, l’espace tout autour de moi, tout me parle. Et soudain, je comprends : je suis de retour à Cousance et j’ai à peine 10 ans. Je suis dans le jardin de la maison où j’habite avec mes parents et mon petit frère, encore un petit bout. Moi, j’ai mes soldats en plastique, rangés sagement, qui attendent le feu des canons sous la forme de billes, avec lesquelles je bombarde ces bonhommes qui n’ont rien demandé.

I stop and gaze up. The shape of this tree, the blue sky, the space around me, it all speaks to me. And suddenly, I get it : I am back in Cousance, and I am barely 10 years old. I am in the garden of the house where I live with my parents and my younger brother, who’s just a tot. As for me, I’ve got my plastic soldiers, all in a quiet line, waiting for cannon fire in the shape of marbles, with which I am bombarding these men, who didn’t call for it.

Un peu plus loin, là, sur le bord du chemin, il y a une dépression dans la terre sèche, comme celle que nous devions remplir de billes, en jouant « au trou ». C’est à peine un trou, mais c’est tout ce dont j’ai besoin pour que cet autre souvenir ne surgisse. Je suis cette fois dans la cour de l’église, sous les tilleuls qui abritent le monument aux soldats tombés pour la patrie. Mes amis et moi, tous gamins, jouons dehors du soir au matin, sous l’œil attentif du plus grand des Martin, un ado. 

A little bit further, at the edge of the path, there’s a depression in the dry earth, like the one we had to fill with marbles, playing « au trou ». It is barely a hole, but it is all I need for another memory to gush forth. This time I am in the churchyard, under the lime trees sheltering the monument to the soldiers who fell for France. My friends and I, all kids, are playing outside from morning to night, under the watchful eye of the oldest of the Martins, a teenager. 

Le grand Martin, c’est un peu le chef de cette bande de mômes qui, pendant les vacances scolaires, vadrouillent dans les rues de cette petite ville calme. En remontant la rue à partir de la Poste, on tombe d’abord sur la maison des Martin. En haut, avant de tourner à gauche, on récupère les Bourdrix, dont le père est tailleur de pierre et a des mains immenses. Et enfin, à côté de l’usine, on retrouve mon copain Boris. Quelquefois, il a le droit d’entraîner son chien Jip dans nos aventures.

Martin the Elder, he’s like the boss of that gang of kids who, during the summer holidays, roam the street of this quiet little town. Going up the street from the post office, you first find the Martins’ home. At the top, before you turn left, we collect the Bourdrix, whose dad is a stone mason and has huge hands. And finally, next to the factory, we meet my pal Boris. Sometimes, he’s allowed to drag Jip, his dog, into our adventures. 

Ce ne sont que des petits riens, mais j’y tiens, à ces souvenirs. Je suis content que le parfum des mûres cueillies au retour de l’une de nos expéditions me remplisse toujours les narines. Je revois encore mon vélo orange, abandonné en grande hâte contre le mur, car j’étais trop pressé pour le ranger : mon goûter m’attendait dans la cuisine. Une grosse tartine beurrée et un gros bout de chocolat, vite dévorés. Me voilà nostalgique, alors j’espère que dès demain, une autre promenade me laissera parcourir à nouveau le chemin des souvenirs. A bientôt.

These are only details, but these memories are dear to me. I am glad that the perfume of the blackberries collected on the way back from one of our expeditions still lingers. I can still see my orange bike, hastily abandoned against the wall, as I was too much in a hurry to put it away : my snack was waiting for me in the kitchen. A fat buttered slice of bread and a chunk of chocolate, quickly devoured. Here I am, all nostalgic, so I hope that as early as tomorrow, another walk will again lead me down memory lane. See you soon ! 

12 Mar

DES SOUVENIRS DE VACANCES

Ce matin, alors que je cherchais un peu d’inspiration en rangeant ma paperasse, je suis tombé sur quelques photos de famille. Pour être plus précis, sur quelques très vieilles photos de vacances: le ciel est d’un bleu parfait, le sable est blond, et, grâce au sourire béat sur mes lèvres, on peut voir que je suis très heureux dans le sud de la France.

This morning, as I was looking for some inspiration while tidying my paperwork out, I found a few family snaps. To be more precise, I found some very old holiday photos: the sky is a perfect shade of blue, the sand is golden, and, thanks to the stupid smile on my lips, you can see that I am very happy in the south of France.

Je vous préviens tout de suite, le souvenir qui m’est revenu à l’esprit en regardant cette photo et dont je veux vous parler aujourd’hui, comme vous allez très vite vous en rendre compte, concerne un point très précis. Mais revenons à cette première photo, prise en plein été à Argelès-sur-Mer, au tout début des années 80. Le sourire mentionné plus haut n’a rien à voir avec la plage, le camping, ou même le chant des cigales.

Let me warn you from the outset, the memory that jumped into my head looking at this picture and about which I want to tell you today, as you are soon going to realise, concerns a very precise topic. But let’s come back to that first photo, taken in the heart of summer in Argelès-sur-Mer, in the early 80s. The smile mentioned earlier has nothing to do with the beach, the campsite, or even the song of the cicadas. 

Ce sourire, et le souvenir qu’il évoque, concernent deux de ces petites gourmandises qui m’étaient permises de temps en temps à cette époque précise, et en ce lieu précis: sur la photo, je tiens dans la main droite un énorme beignet au sucre, et dans la main gauche un petit paquet de chouchous. Je ne sais pas si vous savez ce que sont les chouchous, ou si vous les appelez comme ça, mais ce sont des cacahouètes enrobées de caramel. 

That smile, and the memory it brings back, concern two of those little treats I was allowed to have from time to time, at that precise time, in that precise location: on the photo, I have in my right hand a huge sugar doughnut, and in my left hand a small packet of chouchous. I don’t know if you know what chouchous are, or if that’s what you call them, but they are caramel-coated peanuts. 

Tous les jours, à la plage, de nombreux vendeurs passaient avec des boissons fraîches, et lesdits beignets et chouchous. Le jour où la photo a été prise, j’avais clairement eu la chance d’avoir eu droit à deux d’entre eux, même si mes parents ne me laissaient pas me goinfrer comme ça tous les jours!

Every day, on the beach, numerous sellers walked by with cold drinks, and said doughnuts and chouchous. The day the photo was taken, I clearly was lucky enough to have earned two of them, even if my parents weren’t keen on me stuffing my face like that every day!

Cela dit, le soir, au Palais des Glaces, j’avais souvent droit à une boule ou deux, choisies parmi les douzaines de parfums disponibles. Pas de photos ici, mais des souvenirs clairs, comme semblent l’être tous ceux qui tournent autour de la nourriture. Comme quoi, chassez le naturel, il revient au galop! J’attends avec impatience de voir quels souvenirs vous allez partager, chers amis et lecteurs.

That being said, in the evening, at the Ice cream Palace, I was often allowed a scoop or two, chosen amongst the dozens of flavours available. No photos here, but clear memories, as all the ones revolving around food seem to be. It proves that a leopard cannot change its spots! I am very much looking forward to see what memories you are going to share, dear friends and readers! 

14 Aug

DE LA NATURE DES SOUVENIRS

Vous êtes-vous jamais demandé d’où viennent les souvenirs? Où les garde-t-on, bien au chaud, protégés, comme dans un cocon qui s’ouvre parfois pour les laisser revenir à la surface? Et qu’est-ce qui les fait éclore à nouveau? Ces pensées me viennent alors que je viens de reconduire une amie, que je n’avais pas vue depuis presque 10 ans, à l’aéroport.

Of the nature of memories

Have you ever wondered where memories come from? Where do we keep them, nice and warm, protected, like in a cocoon that sometimes opens up to let them come to the surface again? And what makes them blossom again? These thoughts are coming to me as I have just taken a friend, whom I had not seen in over 10 years, to the airport.

Bien sûr, nous avions passé toute une soirée à nous souvenir de petits détails, toujours importants, au sujet de l’année que nous avons passée à Glasgow, avec beaucoup d’autres, à préparer notre futur de profs. Et tous ces souvenirs me font maintenant penser à leur nature, et à ce qui les fait resurgir. Dans notre cas, c’était simplement le fait de parler de toutes les bonnes soirées passées à discuter, à manger, à boire (sans excès!), de tous les concerts, tous les cèilidhs et autres soirées…

Of course, we had spent a whole evening reminiscing about small details, always important, concerning the year we spent in Glasgow, with quite a few others, preparing our futures as teachers. And all these memories now make me think of their nature, and about what makes them resurface. In our case, it was simply the fact that we talked about all the super evenings spent chatting, eating, drinking (without excess!), about all the concerts, all the cèilidhs and other nights out…

Bien sûr, la madeleine de Proust nous a appris qu’une odeur peut nous transporter dans un passé, peut-être lointain, et nous faire ressentir des émotions parfois puissantes ou pénibles, comme ça, pour un rien. Mais je pense aussi que certains sons peuvent évoquer des souvenirs, comme le fait le chant des martinets, qui évoquent mes étés passés en Provence. Dans la même veine, certaines chansons me ramènent dans un passé plus ou moins lointain, et sont donc des machines à remonter le temps à part entière.

Of course, the Proust madeleine taught us that a smell can take us back to the past, maybe long gone, and make us remember feelings, sometimes powerful or painful, just like that, unprovoked. But I also think that certain sounds can invoke memories, as does the song of the swifts, which reminds me of my summers spent in Provence. In the same way, some songs take me back to a past that is more or less distant, and are therefore time machines in themselves.

Marie, par Véronique Sanson, me ramène en 1997, à Glasgow, où je me souviens l’avoir fait découvrir à un groupe de lycéens dans le cadre de leurs études de français. Si j’entends I’m not in love, par 10CC, je suis avec ma copine Laure, en 1994, bien au chaud dans son petit studio au dernier étage, la froide pluie écossaise battant la chamade sur le toit.

Marie, by Véronique Sanson, takes me back to 1997, in Glasgow, where I remember helping high school students discover its meaning in the framework of their French studies. I’m not in Love, by 10CC, I am with my friend Laure, in 1994, in the warmth of her little studio on the top floor, with the cold Scottish rain beating hard on the roof.

Et vous, chers amis et lecteurs, qu’est-ce qui vous fait remonter le temps? Quels souvenirs vous reviennent en tête quand vous sentez une odeur particulière, entendez cette chanson-là, ou voyez un petit détail apparemment sans importance? Dites-moi tout!

So, what about you, dear friends and readers, what takes you back in time? Which memories come flooding back when you smell a particular smell, hear that song, or see a tiny detail apparently meaningless? Tell me everything!

24 Apr

It had been a long time

Not very long ago, I had arranged to meet friends I had not seen in a while, and we settled for Sunday lunch. And to make life easier for all, we agreed to meet up halfway between our respective locations, which happened to be Winchester.

Some of you may know that many moons ago, I was very happy to call this wonderful city home. I was teaching in Basingstoke at the time, but lived in a charming little house on Mile End Road. Nothing grand, but nicely situated for a good walk to the local pub and the city centre, though the cathedral close.

Lunch was a jolly affair, and my friends and I reminisced for a few hours over a good meal and a bottle of wine. Then, after we said good bye, I took the time to walk back into town, to see what had changed. I had spent three happy years in Winchester, and many good memories came flooding back.

Although I was sad to see so many shops closed on a portion of the high street, I was also glad to see that a vast majority of the city had not changed and was very busy, even on a Sunday afternoon. Clearly, I was not the only person enjoying the cathedral, Wolvesey Castle, the city Mill, or taking a stroll along the river Itchen. I even passed the house where Jane Austen died. Many of you will know she lived in Hampshire for the best part of her life, and is buried in the cathedral.

It did feel good to be back in Winchester, if only for a few hours. I must make sure that I return again soon, to appreciate its many treasures. Which makes me think: what about you, dear friends and readers? Which village, town or city brings back happy memories? Make sure to let me know with a comment!

ÇA FAISAIT LONGTEMPS

Il n’y a pas si longtemps, j’avais organisé une petite réunion entre amis que je n’avais pas vus depuis un petit bout, et on avait choisi un déjeuner dominical. Et pour nous rentre la vie facile à tous, on s’était mis d’accord pour se retrouver à mi-chemin entre nos différentes localisations, qui s’est retrouvé être Winchester.

Certains d’entre vous sauront peut-être qu’il y a bien des lunes de cela, j’avais le plaisir d’appeler cette charmante cité mon chez-moi. J’enseignais à Basingstoke à l’époque, mais habitais dans une charmante petite maison sur Mile End Road. Rien de bien grandiose, mais bien située pour aller à pied au pub local et au centre ville, en passant par la cathédrale.

Le déjeuner s’est super bien passé, et mes amis et moi avons causé plusieurs heures en appréciant un bon repas et une bonne bouteille de vin. Et puis, après les au revoir, j’ai pris le temps de faire un tour en ville, pour voir ce qui avait changé. J’avais passé trois heureuses années à Winchester, et de bons souvenirs me sont revenus en tête.

Malgré ma tristesse devant quelques magasins clos dans la grande rue, j’ai été bien content de voir que la grande majorité de la cité n’avait pas changé et était bondée, même un dimanche après-midi. Visiblement, je n’étais pas le seul à profiter de la cathédrale, du Château Wolvesey, du Moulin, ou à me balader le long de la rivière Itchen. Je suis même passé devant la maison où Jane Austen est morte. Vous saurez tous qu’elle vécut dans le Hampshire presque toute sa vie, et qu’elle est enterrée dans la cathédrale.

Ça m’a fait du bien d’être de retour à Winchester, même pour quelques heures seulement. Je dois faire en sorte d’y revenir très bientôt, pour en apprécier tous les trésors. Ce qui m’amène à penser: et vous, chers amis et lecteurs? Quel village, quelle ville ou cité vous a laissé de bon souvenirs? Laissez-moi un commentaire et dites-moi tout!

18 Apr

Down memory lane

For Marcel Proust, the smell of a madeleine did it. One sniff, and he was way down Memory Lane. Smells do the same thing to me, of course, but with me, it’s also about taste. And this week, I received something in the post that took me a long way down that very same lane…

After connecting on Twitter, the super nice people at thetreatboxcompany.co.uk sent me a little box of delights, and once I had stopped smiling and admiring the box itself, I finally opened it. And there I was, 8 years old again, with everything I needed to make me feel happy on a grey London day: sweets, chocolate, stickers, a colouring book and the pencils to go with it, and TWO of those little polystyrene planes I spent hours playing with on holidays.

You know the scene in Amélie, where the guy starts blubbering when he finds his treasure box again? Well, I was like that, but with smiles instead of tears. These treats really transported me back to many a happy day spent playing, laughing and meeting new friends in the south of France, where we used to go on holidays.

All that power to make you happy and transport you back in time is contained in one of those little boxes and arrives with the mail. How cool is that? So whether you know (or are!) a little princess, a football-mad little one, or a pirate in the making, go and have a look at The Treat Box Company website, you’re bound to find something that will please the little ones and the (much) older ones alike. Because, deep down, we’re all kids…

 

L’ALLÉE DES SOUVENIRS

Pour Marcel Proust, l’odeur d’une madeleine suffisait. Un coup de nez, et il descendait l’Allée des Souvenirs. Bien sûr, les odeurs me font la même chose, mais pour moi, c’est aussi une affaire de goût. Et cette semaine, j’ai reçu un petit quelque chose par la poste qui m’a déposé dans cette même allée…

Après être entrées en contact sur Twitter, les super gentilles personnes derrière thetreatboxcompany.co.uk m’ont envoyé une petite boîte pleine de friandises, et une fois que j’avais fini de l’admirer et de sourire comme un bêta, je l’ai ouverte. Et je me suis revu, comme à huit ans, avec tout ce dont j’avais besoin pour me rendre heureux pendant une journée londonienne bien tristounette: des bonbons, du chocolat, des autocollants, des coloriages et les crayons qui vont avec, et DEUX de ces petits avions en polystyrène avec lesquels je jouais pendant des heures en vacances.

Vous vous rappelez de la scène dans Amélie, où le gars pleure à chaudes larmes quand il retrouve sa boîte à trésors? Ben c’était moi, mais avec un gros sourire au lieu des larmes. Ces friandises m’ont vraiment aidé à retrouver ces jours heureux passés à jouer, à rire et à me faire de nouveaux copains dans le sud de la France, où nous passions nos vacances.

Et tout ce pouvoir capable de vous rendre heureux et de vous faire remonter le temps est contenu dans une petite boîte et arrive chez vous par la poste. C’est pas cool, ça? Alors, si vous connaissez (ou êtes!) une petite princesse, un fou du foot ou un apprenti pirate, allez faire un tour sur le site de The Treat Box Company, vous êtes sûrs d’y trouver quelque chose qui plaira aussi bien aux tout petits qu’aux (beaucoup) plus grands. Parce que, au fond, on est tous des gamins…

07 Sep

Family secrets

Relax, I’m talking about family recipes here… This is a respectable blog, I’ll have you know! We all have favourite recipes, and some of them might even be treasured heirlooms, coming from fifteen generations back. Ok, maybe not that old, but it doesn’t mean they are not cherished.

My late maternal grandmother was a good French cook. Nothing too fancy, no high cuisine there, but robust, tasty dishes and desserts from her home region, Brittany, and her adopted home, Burgundy. That said, she could turn her hands to most things, and her cakes and tarts were things of beauty. What I am trying to say is that my grandma was more than good, she was a great cook.

She used to rear her own poultry and rabbits, and I was used to the ‘from pen to plate’ ethos of her cooking. Her roast chicken and ‘lapin en sauce’ were legendary. Coupled to the fresh produce from my grandpa’s garden, those made for fantastic family meals. One of our favourite starters was a fantastic rice salad with bits and bobs in it (that one is not quite a guarded secret, but we might come back to it later!), followed by a roast chicken with a potato gratin and maybe some green beans . Dessert was always a big deal, as my grandma loved to bake. Her cinnamon tart was amazing (I still can’t do pastry lattice like hers to put on top), and her chocolate cake… Well, that one is a family secret. And there was also an elaborate (in its preparation) gâteau basque, best kept for afternoon tea, as it wasn’t the most delicate of her confections and would not be enjoyed after a good meal!

My two favourite desserts are Grandma Dabet’s far breton, which regular readers will already know, and her marquise au chocolat, a fridge cake served with home-made crème anglaise. This one is quite rich and a total treat, but I can already let it slip that this will be the alternative dessert for the Christmas celebrations at ALK HQ…

 

DES SECRETS DE FAMILLE

Relax, je vous parle de recettes de famille… N’oublions pas que mon blog est bien sous tout rapport! Nous avons tous nos recettes préférées, et certaines d’entre elles font parfois partie d’un long héritage, qui nous suit depuis quinze générations. Ok, peut-être pas depuis aussi longtemps, mais ça ne veut pas dire qu’on n’y tient pas tout autant.

Ma grand-mère maternelle, qui vient de nous quitter, était bonne cuisinière. Rien de très compliqué, pas de haute cuisine, mais des plats robustes et goûtus et des desserts de sa région natale, la Bretagne, ou de sa région d’adoption, la Bourgogne. Cela dit, elle pouvait presque tout faire, et ses gâteaux et autres tartes étaient sublimes. Ce que j’essaye de vous dire, c’est que ma mémé était mieux que bonne cuisinière, c’était une super cuisinière.

Elle élevait ses volailles et ses lapins, et j’avais l’habitude de les voir passer de la basse-cour à la casserole. Son poulet rôti et son lapin en sauce étaient tous les deux légendaires. En y ajoutant les produits frais du jardin de mon grand-père, nous dégustions de délicieux repas de famille. Une de nos entrées préférées était une salade de riz fantastique avec des trucs et des machins dedans (la recette n’est pas secrète, mais on y reviendra sûrement!), suivie d’un poulet rôti avec un gratin de pommes de terre et peut-être quelques haricots verts . Le dessert était toujours un évènement, vu que ma mémé était également bonne pâtissière. Sa tarte à la cannelle était surprenante (je ne sais toujours pas faire les croisillons de pâte comme elle sur le dessus), et son gâteau au chocolat… Là, celui-là je le garde secret, pour le coup. On gardait un gâteau basque élaboré (dans sa préparation) pour le thé de cinq heures, vu qu’il n’était pas le plus léger de ses confections et n’était pas toujours apprécié à sa juste valeur à la fin d’un repas!

Mes deux desserts préférés qui me viennent de ma Mémé Dabet sont le far breton, que mes lecteurs assidus connaissent déjà, et sa marquise au chocolat, un dessert sans cuisson servi avec une tonne de crème anglaise maison. C’est un dessert riche et à manger avec modération, mais je peux vous confier qu’il sera le dessert un peu alternatif des célébrations de Noël au QG d’ALK…

06 Apr

The living room floor

Those were some of the most interesting ten months of my life. Before my fourth year at university and straight after a year spent in Scotland, I was stationed in Bourges (lovely cathedral, miniature version of Notre Dame de Paris, well worth a visit) for my military service. A great experience in itself, where I taught English to officers; but it is the three weeks of basic training preceding my arrival in Bourges that I would like to mention.

Starting in September, where I joined about 20 other guys, all aged between 22 and 25 years old, in Châteauroux (famous only for being the birthplace of Gérard Depardieu), we were turned into a unit and pitched against roughly the same number of EVATs, younger guys thinking about enlisting for real. What followed were three weeks of marching, chanting, shooting and an awful lot of cleaning (rifles, rooms, rifles, courtyards, rifles…)

Our instructor was a terrifying man, Staff Sergeant Bellot, who had seen action in Chad, but who ruined his chances of being taken seriously, at least for a while, when he told us to attack the living-room floor (attaquer le sol du salon), when he wanted to tell us to attack the ground with our heels (attaquer le sol du talon). How we laughed, at least until he started to bark at us…

We also waged war against the EVATs (we won, of course), ate kilos of blackberries from the edges, and did a million of other things, but what I will always remember is that uncontrollable laughter directed at poor Staff Sergeant Bellot.

This seems to prove that some memories are here to stay, and that what you might consider at best a total waste of time and/or the most boring experience of your life (so far) can in fact yield nuggets of interest, provide you with friends for life and reveal hidden talents. And give you a few laughs…

LE SOL DU SALON

Ce fût dix  mois des plus intéressants de ma vie. Avant de commencer ma quatrième année à l’université et immédiatement après un an passé en Ecosse, je me suis retrouvé stationné à Bourges (superbe cathédrale, version miniature de Notre-Dame de Paris, vaut le detour) pour mon service militaire. Une expérience en elle-même, pendant laquelle j’ai enseigné l’anglais à des officiers; mais ce sont des trois semaines d’entraînement précédant mon arrivée à Bourges dont je veux vous parler.

A partir du mois de septembre, après avoir rejoint une vingtaine d’autres gars, tous agés entre 22 et 25 ans, à Chateauroux (uniquement connue pour être le lieu de naissance de Gérard Depardieu), nous sommes devenus une compagnie et avons affronté des EVATs, des petits jeunes décidés à s’engager pour de vrai. S’ensuivirent trois semaines de marches, chants militaires, leçons de tir et de nettoyage à n’en plus finir (carabines, chambres, carabines, cours, carabines…)

Notre instructeur était un homme qui faisait peur, le Sergent-chef Bellot, qui avait combattu au Tchad, mais qui ruina toute chance d’être pris au sérieux, du moins pour quelques jours, quand ils nous ordonné d’attaquer le sol du salon au lieu d’attaquer le sol du talon. Comme nous avons rit, jusqu’à ce qu’il se mette à nous aboyer dessus…

Nous avons également fait la guerre contre les EVATs (victorieuse, bien sûr), mangé des kilos de mûres cueillies dans les haies, et fait des millions d’autres choses, mais ce dont je me souviendrai toujours, c’est notre crise de fou rire dirigée contre le pauvre Sergent-chef Bellot.

Ce qui tend à prouver que certains souvenirs sont immortels, et que ce l’on considère au mieux une totale perte de temps et/ou la pire experience de sa vie (jusqu’à ce moment précis) peut en fait être une source d’intérêt, vous fournir des amis pour la vie et révéler des talents cachés. Et vous donner quelques bons fous rires!

 

 

23 Jun

Pépé’s beetroot

My grandfather was a keen gardener. For most of his life, he maintained an allotment that ran from the end of the flower garden to the river. I remember the old apple tree and the rusty iron bench I used to sit on to read while he was tending to his various tasks. The fact that I clearly wasn’t paying attention probably explains why I cannot remember exactly all that he used to cultivate in his little corner of paradise. I have however a few very distinct memories.

I do remember asking him one year why he had created a very long little hill, only to be shown the succulent white asparagus spears that would grace the dining room table that same evening. In the summer, I also remember the fruit bushes, so lovingly tended to since the spring, producing black and red currants galore, not to mention basketfuls of raspberries.

But every time I happen to think of my grandfather, memories bring back a much earthier flavour of my childhood: beetroot.  At the end of his day in the garden, my grandpa would unearth those ruby roots, wash them under the hose and hand them over to my ‘mémé’, who would wrap them in wet newspapers and a single layer of foil before burying them under the dying embers, leaving to cook overnight (at the time, my grandmother had resisted getting rid of her wood burning range.) The following day, we would have them cold, diced up, with a nicely sharp vinaigrette. I can still taste this ‘salade de betterave’ to this day.

 

LES BETTERAVES DE PÉPÉ

Mon grand-père aimait jardiner. Tout au long de sa vie, il a entretenu un jardin ouvrier qui courait du fond du jardin aux fleurs jusqu’à la rivière. Je me souviens du vieux pommier et du banc en fer où j’avais l’habitude de m’asseoir pour lire pendant qu’il vaquait à ses occupations. Le fait que je ne faisais visiblement pas attention à ce qu’il faisait explique probablement pourquoi je ne me rappelle pas exactement ce qu’il faisait pousser dans son petit coin de paradis. J’ai cependant quelques souvenirs bien distincts.

Une année, je me rappelle bien lui avoir demandé pourquoi il avait créé une petite colline très longue, avant que mon attention ne soit attirée par les succulentes asperges blanches qui trôneraient au dîner le soir même. L’été, je me souviens aussi des arbustes, dont on s’était occupé avec amour depuis le printemps, et qui produisaient des groseilles et des cassis à foison, sans oublier de pleins panniers de framboises.

Mais dès qu’il m’arrive à penser à mon grand-père, c’est une saveur quelque peu plus proche de la terre qui me revient en mémoire: les betteraves. A la fin de sa journée dans le jardin, mon pépé arrachait à la terre ses racines couleur rubis, les rincaient sous le tuyau d’arrosage et les confiait à ma mémé, qui les enveloppait dans du papier journal humide et une feuille de papier aluminium avant de les ‘enterrer’ sous la braise et de les y laisser toute la nuit (à cette époque, ma grand-mère avait refusé de se séparer de son four à bois.) Le lendemain, nous les mangions froides, coupées en dés, assaisonnées d’une vinaigrette relevée. Je me souviens de cette salade de betteraves encore aujourd’hui.

19 May

Mémé Dabet’s verveine

My grandmother was a great believer in the power of tisanes and other infusions. She used to grow many plants and flowers and collected various samples from fields (dandelion leaves salad with lardons and oeufs mollets, anyone?) or from the hedgerows. Her favourite evening drink was chamomile tea, which she prepared from the dried flowers from the garden. Mine, when visiting, was a bedtime cup of verveine. The verbena plants in my grandfather’s garden were forever flourishing, and the attic was always crammed with bunches of it drying. I suspect my grandmother to have been the village’s main supplier.

Other than fresh mint tea (which I take unsweetened, since you ask), it is my non-alcoholic after dinner drink of choice. A small handful of dried leaves, boiling water and there you go: a subtle, delicate and highly flavoured drink. I forget what it is supposed to be good for (it might be digestion), but I love it, so I don’t think I need any other reason.

I now grow verbena on my balcony, and very successful it has been, too. In the absence of an attic, I dry mine, quite successfully I might add again, in the airing cupboard. Other than in my infusion, I use fresh leaves to infuse strawberries with their subtle flavour. For the same reasons, it works superbly well in panna cottas and possets.

And every time I make a fresh cup, I raise it to my Mémé Dabet.

 

LA VERVEINE DE MÉMÉ DABET

Ma grand-mère croyait ferme au pouvoir des tisanes et autres infusions. Elle cultivait plein de plantes et de fleurs et récoltait des trucs dans les champs (vous avez dit salade de pissenlits avec lardons et oeufs mollets?) et dans les haies. Le soir, sa boisson préférée, c’était une bonne camomille, qu’elle préparait avec les fleurs du jardin séchées. La mienne, c’était une tasse de verveine avant de me coucher. Les plants de verveine dans le jardin de mon pépé étaient toujours en forme et le grenier en était toujours garni, de pleins bouquets attachés aux poutres pour sécher. J’ai dans l’idée que ma grand-mère était le dealer du village.

A part le thé à la menthe (que je bois sans sucre, puisque vous me le demandez), c’est mon digestif non-alcoolique de choix. Une petite poignée de feuilles séchées, de l’eau bouillante, et voilà: une boisson subtile, delicate et très parfumée. J’oublie quelles sont ses qualités (je crois que ça aide à la digestion), mais je l’adore, alors je ne pense pas avoir besoin d’aucune autre raison.

Je fais pousser de la verveine sur mon balcon, et avec succès en plus. En l’absence de grenier, je fais sécher mes branches, avec succès, derechef, dans le placard à linge. En plus de mes infusions, j’utilise des feuilles fraîches pour infuser des fraises avec leur saveur subtile. Pour la même raison, elles parfument aussi bien les panna cottas et autres desserts au lait.

Et à chaque fois que j’en bois une tasse, je la dédie à ma Mémé Dabet.